Histoire:
Parfois, j'aurais aimé ne pas avoir vu le jour. J'aurais aimé continuer a me perdre dans les limbes, âme errante au grès de l'infini. Mais non, elle fut appellée mon âme, sommée de rejoindre ce petit corps frêle, de hurler sa douleur d'être liée a jamais à la chair et au sang. Je suis né dans la soie, dans la richesse. Bien loin de la misère de la Ville Basse. Je suis né puissant, je suis né destructeur. Je suis né Mearas.
Je n'ai manqué de rien, non, mes désirs les plus fous étaient exausés, enfant doux, je devins enfant capricieux. Trop gaté, trop aimé...Je fûs martelé et modelé pour leur ressembler, réplique de cire d'une société qui se meurs sans le savoir. On m'a tout donné, tout offert...Mais il est des choses qui ne se prenne pas, il est des choses qui jamais ne se donne. Je ne sais plus comment elle est entrée dans ma vie, énième Etoile, énième sacrifice aux ambitions de ma famille. J'en ai tellement vu disparaître que cela en devenait normal. Trop. J'y assistais avec ce regard absent des ignorants. Occupé par mes fonctions, obnibulé par ma tache. Jour après jour, j'envoyais mes cousins, mes frères parfois rejoindre les rangs de la Milice aux ordres des Mearas. Mais elle...Le soleil, image oubliée depuis si longtemps, dansait dans ses yeux. Je n'étais qu'un gosse, je n'étais qu'un sale gamin. Un gamin qu'elle a giflé...Je l'ai voulu, sur l'heure ! Mais si son lit m'était ouvert, elle m' échappait encore et toujours....
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-Je t'en prie !
Elle secoue la tête, ses cheveux se balancent. Ah Dieu, elle est si belle, il mourrait pour elle. Elle qui se refuse, elle qui se pare d'albatre pour lui échapper. Elle lui refuse sa vie. Il meurs doucement, il s'éteint, il ne veux pas perdre, il la veut elle ! Qu'importe le prix a payer, qu'importe la façon. Elle sera sienne ! Il ne peut vivre si elle n'est plus. Il se perds dans l'océan de son regard, s'égare dans la soie de sa peau, s'éparpille dans les voluptés de sa voix. Il saigne, il a mal...Elle refuse, encore, toujours ! Cruelle ! Tu ne peux t'opposer, non, tu ne le peux, je suis Mearas ! De grès ou de force !
-Etoile....Etoile...Tu n'as pas le choix...
Sa main se fait monstre, alors qu'elle n'était que douceur, que tendresse. Elle se fait serre sur la gorge de l'enfant. De son enfant. De celui qu'il a arracher a la rue. Juste pour elle. L'éclat de l'argent jaillit. Elle crit, elle crit mais elle cédera !
-Fais le !
Il hurle alors que l'enfant étouffe doucement, il se déchire alors que l'enfant devient bleu, il s'ouvre les veines alors que l'enfant pleure. Alors elle tombe a genoux. Il a gagné. Sa voix tremble alors qu'elle prononce son rêve, son désir, son amour....La douleur explose alors qu'elle disparaît dans la souffrance. NON ! Son hurlement déchire les murs, il arrache le silence, il pleure de rage...Il a perdu...La douleur lacère ses chairs de ses griffes âcres, il sombre dans la folie. Le vide l'étreint, les larmes coulent alors qu'il assiste a sa mort...tu la tuée...TU LA TUEE ! Morte, elle est morte...MORTE ! Tu n'es plus rien pauvre fou ! Aliénation qui te guette lorsque tu te jette sur les cendres de ta propre avidité ! TU LA TUEE ! Tu t'es tué avec elle...Tu croyais le rêve accessible ? Tu croyais que c'était facile...On t'a trompé ! TROMPE ! Laisse parler ta haine et ta souffrance ! Deviens ce monstre qui sommeille ! Venges toi ! VENGES TOI ! Blesse toi pour oublier, oublier cette souffrance qui te ronge le coeur, brûle toi pour ignorer, pour pleurer...Mais..VENGES TOI !
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Pourquoi ais je ce souvenir qui me hante ? Pourquoi ? Parce que là est ma blessure...J'ai aimé, trop...avec passion et égoïsme. D'elle, il ne me reste que son fils. Il est mien. Dans ses yeux, je la vois elle...Elle danse, elle me sourit, elle est belle....Si belle...Je pleure des larmes acides lorsque je repense a elle. Sept ans sont passés. Et son fils est grand. Je l'ai élevé comme le mien. Il ne rejoindra pas la milice, non...Parfois mes yeux errent sur son visage, reflet du sien, douceur, noblesse...J'oublie la marque qu'il porte au creux de sa peau...je ferme les yeux. J'oublie. Il pourrait être le receptacle de ma fureur, il pourrait être l'ange qui me la rendra mais...Mais il est son sang, je ne commettrais pas deux fois la même erreur. Kaliel, c'est ainsi qu'il se nomme, pour moi, il est mon fils. Je me suis elevé contre mes sois disant frères, je l'ai reconnu comme mien devant ma famille. Il est Mearas et pourtant...Il est Etoile.
Comment cela a commencé ? Mmmh ? Quelqu'un pour me répondre ? Non, n'est ce pas ? Personne ne sait, personne sauf lui, LUI ! Cet homme qui se pare de qualité, qui se targue de vie éternelle. Crève ! CREVE ! Mais pour ça...Il me faut l'Etoile de sa mort ! Je suis devenu la colère elle même, celle qui ronge et attaque dans les chairs putréfiées. Je suis le serpent au sein du panier. Je le détruirais, lui, je le détruirais. Qu'importe la manière, qu'importe le mal...Je le détruirais...Il ne me reste que lui...