J'avais complètement oublié ça ...Ce bout de texte est ce qui aurait du être la dernière partie de l'histoire d'Eliel, que j'avais escompté supprimer. Mais si mon souvenir est bon, c'est Andréa qui m'a demandé de l'écrire quand même, "pour voir"... xD
Je le mets là surtout pour ne pas l'oublier encore une fois xD Et puis ça reste un complément d'informations pour les joeurs
Ah et quant au titre, "Le mystère du coiffeur"...xD hem, c'est que je n'avais pas d'autres idée -et que ce passage révèle l'identité du héros plein de courage qui est venu à bout du fleuve capillaire d'Eliel (quel suspens!) ***
Eliel frémit en sentant la lame froide des ciseaux courir sur sa nuque, et se retint de justesse de rentrer la tête dans les épaules. Son regard s'abaissa sur les longs rubans blancs qui jonchaient le sol. Anaël avait la patience d'un Saint pour avoir pris le temps de venir à bout de son opulente chevelure…
"J'ai terminé."
Eliel leva ses yeux clairs vers le miroir oval et fêlé en face lui, et se dévisagea avec une stupeur inchangée. Il était pâle comme un fantôme; et ses cheveux incolores ne faisaient que renforcer cette apparence vaporeuse. Un fantôme; un enfant cacochyme. Maintenant que ses cheveux étaient de nouveau coupés jusqu'à la base de sa nuque, il retrouvait dans son reflet un vague souvenir de ce qu'il avait été, autrefois.
Il y a deux cent soixante et un ans...
Il avait été sincèrement choqué quand Anaël lui avait appris cela. Il était resté immobile, à nier muettement ce gouffre qui le séparait de son "époque d'origine". Puis il avait accepté, lentement, douloureusement. Il avait assez pleuré comme ça.
Eliel referma lentement les yeux, la tête penchée en avant. Il entendit Anaël échanger quelques mots avec Loriam et Raïden, puis s'éloigner avec eux. Des patients avaient besoin d'eux –de lui, lui et ses merveilleux dons de guérison.
Le "Prophète" se leva avec précaution, et se dirigea avec lenteur jusqu'à son lit pour s'y coucher. Il était tout le temps fatigué. Tout le temps au bord de l'évanouissement –surtout lorsque Ophicius n'était pas là pour lui apporter son soutien. Il passait parfois des semaines entières à dormir d'une traite, et quand il était éveillé, il était incapable d'absorber la moindre nourriture –son seul progrès était de boire de faibles quantités d'eau, "pour réhabituer son organisme" inquit Anaël.
Etendu sur le côté, il se mit à fixer le mur où courraient de fines lézardes dues à l'ancienneté des bâtiments. La Chasse avait repris. Tout juste deux mois après qu'il se soit enfuit… Encore une fois, des familles se retrouvaient massacrées et des enfants dérobés. Et le Ciel en portait le deuil.
Ses mains se crispèrent sur son fin vêtement blanc tandis qu'il enfouissait son visage dans ses draps tièdes. Il n'y pouvait rien. Il ne pouvait rien y faire, il était bien trop faible…Tout ce dont il était capable, c'était sangloter amèrement.
Et parler à mi-voix, lorsqu'il était seul.
Il demandait des conseils à Azae, lui qui était toujours si avisé. Et il cherchait à savoir ce qu'en pensait Myu. Puis il relevait la tête, une ombre de sourire aux lèvres, et faisait d'une voix un peu plus haute, avec une note d'espoir éternellement déçue:
"Andréa…?"Non, il n'était pas fou. Pas encore. Juste trop seul.