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 Chant II : Hybris

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Le Rêveur
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Chant II : Hybris Rang_a10
Le Rêveur


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MessageSujet: Chant II : Hybris   Chant II : Hybris Icon_minitime08.07.08 9:04

Chant II : Hybris Hybris10

"Ce jour-là", on s'en souvient aussi parce qu'il avait fait particulièrement venteux pour la saison : un vent venant de l'Ouest, des côtes. Froid, et chargé de poussière cendreuse.



Le train pénétra l'enceinte de Tsel dans un grincement lancinant, mais devenu si habituel aux oreilles des habitants qu'il en devenait agréable –car il était, entre autre, la promesse d'un ravitaillement à venir. L'antique machine noire et sinistre ralentit sa cadence, répandant sur son sillage des nuages brunâtres de poussière et de sable.

Puis les ombres dansèrent les hauts murs des immeubles désaffectés. On entendit un sifflement aigu, auquel une slave de clameurs énergiques firent aussitôt écho: comme exsudés de l'ombre maternelle de la Cité, des silhouettes apparurent sous la blême lueur du jour et se précipitèrent vers la carcasse de métal, toujours suivies d'autres, et encore d'autres. Ces funambules de la rue, souples et vifs, prirent le train en marche, bondissant les uns après les autres –certains allant jusqu'à grimper sur le toit, les autres s'agrippant sans peine aux portes des wagons. Un homme aux cheveux gris argent siffla à nouveau, juché dans un équilibre parfait sur l'un des wagons. Toutes les portes des wagons furent tirées, laissant s'y engouffrer les pilleurs aux visages d'enfants.

C'était une journée ordinaire, à Tsel. Pour la Basse-ville, le train-train n'était troublé par rien d'autre qu'un vol plus ou moins réussi de la part des Sîns, ou des interventions théâtrales de la Milice pour intimer au calme. Et cette fois, le pillage s'était soldé par une réussite fabuleuse.



"Ce jour-là"…Le vent narquois glissa partout ses longs doigts glacés…



"C'est quoi ces babioles miteuses ?"

Un Sîn donna un coup de pied négligent dans la caisse dont il venait de forcer le couvercle, quelque peu déçu de n'y trouver qu'un sage empilement de vieux bâtonnets, rougeâtres et détrempés, qui ne semblaient à rien de ce qu'il avait vu jusqu'à aujourd'hui. Astéride, postée à quelques pas de là, s'approcha pour observer avec patience l'étrange butin de plus près:

"Ça vient des villages côtiers. Tout ce qu'ils trouvent dans les ruines, ils les renvoient vers Tsel…Même…ça.
_Mais tu sais à quoi "ça" sert ?"

Elle esquissa un signe de tête négatif, avant de couler son regard vers l'homme qui se trouvait adossé au mur, non loin d'eux. Andréa avait suivi toutes les opérations de loin, par curiosité semblait-il ; maintenant que tout les pilleurs étaient réunis dans le hangar et faisaient le tri de leurs trouvailles, l'Ancien s'était plongé dans une profonde rêverie. Et à en juger par le pli creusé entre ses sourcils, il ne ressassait pas d'agréables pensées.

"Andréa ?"

Le Guide leva son unique œil pâle vers Astéride, sans effectuer un geste supplémentaire: elle avait déjà toute son attention. La Reine lui adressa un sourire suave en retour, et demanda:

"Vous devez savoir, non ? L'Avant n'a aucun secret pour vous..."

Il étira un vague sourire, triste sans doute, et s'approcha d'un pas lent des deux rebelles. Son regard scanna la caisse, et une ombre fugace de surprise mêlée d'inquiétude passa sur son visage:

"J'en ai vu…il y a bien longtemps. Dans une ville fantôme, très loin de Tsel. Il n'y avait que peu de personnes qui y subsistaient encore, mais les ruines regorgeaient d'objets précieux ou utiles qui se troquaient allègrement…"

Andréa ne précisa pas que c'était justement contre ces merveilles dorées qu'il avait été échangé, deux siècles plus tôt. Il cilla, calme mais soucieux, et ajouta:

"Et "ça", se trouvait être particulièrement utile pour approfondir les pillages –j'entendais souvent les déflagrations. Ce sont des bâtons de dynamite, de puissants explosifs."

Les yeux d'Astéride et du jeune Sîn s'arrondirent de stupeur; ils ne pouvaient qu'à peine imaginer les capacités de ces fameuses "babioles". Andréa abaissa son regard sur la caisse, et un frisson sembla courir le long de sa nuque car il détourna sombrement le regard:

"C'est trop dangereux de laisser ça ici. Ils sont complètement abîmés et pourraient exploser n'importe quand… Il faut s'en débarrasser."


Et ses doigts s'enroulèrent autours des gorges transies. Du soupir naquit la tempête.



Les flammes étaient immenses ; de longues langues de feu qui s'étiraient vers le ciel comme pour l'effleurer. Les Tseliens étaient aveuglés par tant de lumière, et il n'y avait pas assez d'eau pour lutter contre le brasier. Alors on évacuait ; et ce fut sans doute la première fois que l'on pu voir des Sîns et des Miliciens esquisser une sorte de coalition de circonstance pour aider les plébéiens.
L'explosion avait balayé un pan entier du Rempart et détruit plusieurs immeubles alentours ; de l'autre côté, on ne déplorait que peu de dégâts matériels, mais les débris du mur avaient vraisemblablement surpris de malchanceux passants de la Haute Ville.

Andréa fixait l'incendie de son unique œil bleu, partagé entre un sentiment de colère et de détresse ; à ses côtés se tenait Ezequiel, dont les vêtements étaient souillés par les cendres volatiles. Il avait le souffle court, et ne s'accordait que quelques secondes de pause avant de repartir au plus près du brasier, là où se démenait encore Astéride.

"Qui a bien pu faire cela ?" Murmura-t-il.

La mâchoire de l'Ancien se crispa, avant qu'il ne lâche sombrement :

"Un Sîn, malheureusement… Attentat raté ou accident, cela reste à voir."

Il avait parlé fort, et ses mots firent l'effet d'une gifle à ceux qui se trouvaient tout près de lui. Une jeune femme gémit en serrant contre elle son enfant au visage brûlé, d'autres plébéiens que les créatures d'ombres d'Andréa avaient sauvés pleuraient déjà et en appelaient aux dieux. Bientôt, le nom de Sîn serait murmuré comme le nom des Judas. Ezequiel serra les poings, puis son regard incisif se porta loin au-delà des ténèbres de la nuit, à peine rougies par l'incendie.

"Ah, enfin... Anaël et les autres arrivent."



Et après le feu ce furent les cendres que l'on pleura…



"Que pouvons-nous faire…?"

Le vieux noble posté à la fenêtre esquissa un vague mouvement de tête, négatif et las.

"Rien : ce sont eux les Juges… J'ai vu par le passé la colère des Albërick frapper la plèbe ; et ils savent se montrer méthodiques dans leur vengeance. L'un de leurs plus jeunes héritiers est mort dans l'explosion, et ils ne laisseront pas cela impuni... Nous pouvons en être certains."

La femme qui se tenait en retrait esquissa une expression mêlant dégoût et affliction, tandis que son regard se portait sur la ligne grise du Rempart qu'ils pouvaient observer depuis l'Etemenanki, au-dessus de laquelle volaient des nuées inquiétantes de corbeaux. Depuis l'explosion les nobles frémissaient à l'idée que le trou béant laissât champ-libre aux rats de la Basse-Ville, mais curieusement on ne déplorait encore aucune intrusion de plébéiens. Et pour cause : les dizaines de croix déjà dressées au-dessus du grand mur étaient suffisamment dissuasives.
La jeune femme se détourna et sortit de la pièce. De son propre avis, les Albërick étaient devenus fous: certes la peine de mort existait depuis longtemps, mais jamais les exécutions n'avaient été si…spectaculaires. Certes les plébéiens avaient commis un crime sans précédent, mais de là à exposer à leurs yeux ces tas de chairs meurtries qui avaient été autrefois leurs proches…Ils poussaient leur vendetta trop loin, et il était évident que le calme endeuillé de la Basse-Ville ne durerait pas éternellement...



Ce vent hors-saison, froid et chargé de poussière continue de souffler sur Tsel.
Les corbeaux envahissent le ciel et l'emplissent que leurs ricanements moqueurs.
La plèbe blessée serre les dents et maudit les Sîns "responsables" de ce chaos.
La Milice, au contraire, est vue d'un meilleur œil depuis qu'elle est intervenue en faveur de la population,
sans avoir reçu d'ordre des Nobles.
Et dans l'ombre, Sîn clame vengeance et vérité, et l'influence de leurs chefs s'étiole progressivement
à mesure que les croix se dressent sur le Rempart.
Les rares médecins de la Basse-Ville ne savent plus où donner de la tête ;
les partisans de la Réunion sont égarés, d'autant plus que le Prophète s'est replongé dans un long sommeil…

C'est le chaos de la Démesure qui pèse sur le berceau des Etoiles ;
Tsel, de ses bas-fonds à ses hautes tours paie, ou paiera bientôt pour son péché d'Hybris…
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